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JP Morgan Chase: « super » Jamie partira-t-il?

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Il flotte comme un parfum shakespearien à Wall Street à la veille de l’assemblée générale de la banque JP Morgan Chase. Une rivalité digne de celle qui oppose les Capulet et les Montaigu dans Roméo et Juliette anime les discussions et les éditoriaux pour savoir si, oui ou non, Jamie Dimon doit continuer à cumuler les postes de président et de directeur général de la vénérable institution.

La polémique a été lancée par plusieurs fonds de retraite américains et quelques cabinets influents, qui ont profité des récents déboires de la banque pour demander aux actionnaires de se prononcer, mardi 21 mai, sur une dissociation des fonctions à sa tête.

Le but: instiller un peu de contre-pouvoir dans une gouvernance, qui aujourd’hui en manque cruellement. Le génie, mais aussi l’arrogance de Jamie Dimon règnent en maître sur un conseil, où la quasi-totalité des administrateurs n'ont pas de véritable expérience de la banque. Pendant longtemps, le patron de JP Morgan Chase a été «Monsieur parfait», mais ces derniers mois, le vent a tourné. Il y a eu d’abord la fameuse affaire de la «baleine» de Londres, surnom d’un trader imprudent, qui s’est soldée par une perte de 6 milliards de dollars en 2012. «Une tempête dans un verre d’eau», avait commenté Dimon, un peu vite. Puis il y a eu les manipulations sur les taux interbancaires du Libor, et enfin ces petits arrangements sur les prix de l’énergie.

So What? Répondent en cœur ses supporters. Sur l’ensemble du mandat de M.Dimon, les actionnaires de JP Morgan Chase n’ont pas de quoi se plaindre. Depuis qu’il a pris ses fonctions, fin 2005, le cours a augmenté de 27,5%. C’est mieux que Goldman Sachs (+20%) ou Wells Fargo (+24%), sans parler de Bank of America et Citigroup, qui, elles, ont des performances négatives.

Soit, mais dire que tant que ça gagne, il n’y a pas de problème, constitue un raisonnement à courte vue. En quoi rééquilibrer les pouvoirs au sommet de la banque va handicaper sa performance? Les pro-Dimon poussent le raisonnement un peu plus loin en disant que la dissociation des fonctions n’est en rien une garantie de bon fonctionnement. «Souvenez-vous d’Enron», ironise l’éditorialiste du New York Times, Andrew Ross Sorkin. Comme de la même façon, la concentration des pouvoirs chez Parmalat ou Vivendi n’a pas évité la sortie de route.

En fait, ces exemples ne démontrent pas grand-chose. La vraie question consiste à savoir si le conseil arrive à exercer un réel contrôle sur les dirigeants lorsque l’un d’eux le préside. Le conflit d’intérêt n’est pas systématique, mais il est latent, c’est une évidence. Certains pro-Dimon agitent le risque d’un départ du PDG vedette au cas où la résolution sur la dissociation des fonctions obtiendrait la majorité. Le scénario du «Moi ou le chaos» s’est révélé efficace dans bien des cas, mais il n’a jamais réussi à prouver qu’on avait raison sur le fond.


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